Le Mouvement associatif a publié un communiqué en réaction à la mort de Nahel et aux émeutes, évoquant notamment la situation des associations : « Il est urgent d’œuvrer pour une réconciliation nationale » – nous en faisons le relai en Auvergne-Rhône-Alpes. En voici la substance.
Une semaine s’est écoulée depuis la tragique mort de Nahel et les conséquences violentes qui ont suivi, mais la colère continue de brûler dans les quartiers populaires. Cette colère est dirigée contre toutes les institutions présentes dans les quartiers relevant de la politique de la ville, soulignant ainsi notre impuissance face à la perte douloureuse d’un jeune homme de 17 ans.
La mort de Nahel et les émeutes qui ont éclaté par la suite mettent en évidence un constat alarmant : malgré les quarante années écoulées depuis les révoltes des Minguettes, qui ont conduit à la mise en place de la politique de la ville, nous sommes encore loin de répondre aux attentes des habitants. La situation sociale ne s’est guère améliorée, la détérioration des services publics est continuellement pointée du doigt et les jeunes font l’expérience tragique de discriminations quotidiennes. Le sentiment de déclassement persiste à mesure que les indicateurs de la situation se multiplient.
La colère qui gronde ne fait pas de distinction aujourd’hui ; les émeutes de ces derniers jours ont touché à la fois les commerces, les équipements publics et d’associations (y compris en Auvergne-Rhône-Alpes), aggravant ainsi la situation déjà précaire des habitants de ces quartiers, en particulier les plus vulnérables. Nous condamnons ces actes de violence et exprimons notre soutien à toutes les personnes qui en ont été victimes. Nous veillerons à ce que les associations ne soient pas oubliées lors des indemnisations pour ces dégâts.
Pourtant, malgré le constat d’échec décourageant, voire alarmant, il est essentiel de reconnaître l’engagement quotidien des associations. Alors que les services publics continuent de se détériorer, les associations, dans leur diversité, restent présentes et agissent pour améliorer la qualité de vie dans ces quartiers. Elles jouent un rôle essentiel en permettant aux habitants de s’exprimer et de mener des projets ancrés localement. Elles sont des lieux d’émancipation où se créent des rencontres et une expérience collective. Leur cadre favorise la solidarité, la réappropriation du territoire, l’organisation collective et l’expression politique. En cela, les associations des quartiers sont des écoles de démocratie dans des lieux souvent négligés par les politiques.
Le Mouvement associatif appelle instamment à un retour au calme indispensable, tout en soulignant la nécessité d’une coopération entre tous les acteurs intervenant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Il s’engage, avec ses membres, à s’investir au service de cette dynamique. La coopération est essentielle pour partager nos constats, mais aussi pour répondre au mieux aux enjeux territoriaux et construire des solutions durables. Cela ne peut se faire sans la participation active des habitants et des associations qui les accompagnent au quotidien.