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Le projet de réforme des retraites actuellement en discussion suscite des inquiétudes dans le monde associatif en raison des effets que pourrait avoir la proposition de reculer l’âge légal de départ à la retraite sur le bénévolat dans les associations, y compris celles situées en Auvergne-Rhône-Alpes.

En outre, le projet traduit une absence de prise en compte de l’économie non lucrative, pourtant indispensable au fonctionnement de la société. La question de la retraite doit s’inscrire dans une réflexion plus large sur l’articulation des temps de vie et les différentes formes d’activités et de production de richesses, qui sont au cœur de la réflexion et de l’action associative.

Le Mouvement associatif national se positionne sur le sujet :


L’apport de l’action bénévole à la société est difficilement quantifiable pour plusieurs raisons, notamment parce que la plupart de ce qu’elle produit, en termes de bien-être et d’épanouissement individuel et collectif, ne peut être mesuré. De plus, elle ne s’inscrit pas dans le cadre de l’économie marchande et de la production de richesses mesurée dans le PIB. Toutefois, même si cette estimation ne permet pas de rendre compte de tous ses bénéfices ou seulement des coûts évités, elle donne une idée de ce que le bénévolat produit.

Les plus de 50 ans représentent la majorité des bénévoles associatifs, mais ces dix dernières années, la tendance est à une forte diminution du taux d’engagement dans ces générations, accélérée par la pandémie, tandis que ce même taux d’engagement a progressé chez les plus jeunes (15-34 ans).

Bien qu’un renouvellement soit à l’œuvre, lié également à une évolution des attentes et des modes de l’engagement, les (jeunes) retraités constituent toujours le « socle » du bénévolat associatif.

L’engagement des seniors est également influencé par leur niveau de diplôme et leur revenu, qui peut entraîner des inégalités sociales face à l’engagement, comme en témoigne la surreprésentation des diplômés parmi les bénévoles. Les seniors éloignés de l’engagement ont plus de 70 ans, un niveau de diplôme faible et un faible niveau de revenu.

Face à ces constats, il est nécessaire de réfléchir à l’articulation des temps de vie et de développer des mesures pour favoriser et faciliter l’engagement de tous ceux et celles qui le souhaitent. Cela peut inclure la sensibilisation à l’engagement dès le plus jeune âge, une politique de développement du volontariat associatif, la remobilisation et la valorisation des dispositifs existants de congés d’engagement. Dans les conditions actuelles, une réforme des retraites prévoyant un report de l’âge de départ ne peut avoir qu’un effet négatif sur l’engagement bénévole dans les associations en Auvergne-Rhône-Alpes. Cela d’autant plus que ce report impacte plus fortement ceux et celles qui ont commencé à travailler jeunes, souvent moins diplômés et ayant eu moins d’opportunité d’engagement. Un temps libéré plus tardif, pouvant s’accompagner d’une santé plus fragile, risque d’éloigner définitivement ces nouveaux retraités de l’opportunité que représente l’engagement associatif et de priver la société de ce qu’il produit.

Les coûts et bénéfices devraient être évalués en prenant en compte plus largement les impacts de la réforme sur la société et les solidarités sur lesquelles elles reposent et non par la seule entrée du financement du régime de retraites.

Dans une période où le rapport au travail est interrogé tout comme le rapport à la production, à la consommation et la mesure de ce qui fait la richesse d’un pays et de sa société, ces différents éléments devraient être bien davantage pris en compte pour nourrir les prises de décisions en matière de politiques publiques, notamment ici en ce qui concerne les retraites.



3 sources ont nourri la réflexion précédemment exposée :

  1. Carole Lipsyc « L’activité contributive » : l’invisible qui fait tourner le monde. Synthèse de l’étude sur la « 1ère mesure de l’activité contributive » (Montreuil : initiative contributive, INGIES, 2022). https://contributive.org/fr/directory/2954/chapter/lactivite-contributive-cet-invisible-qui-fait-tourner-le-monde-2954
  2. L’évolution de l’engagement associatif en France de 2010 à 2022, Étude France Bénévolat, janvier 2022, réalisée par l’IFOP, avec le soutien du Crédit Mutuel et l’appui de Recherches & Solidarités, https://www.francebenevolat.org/sites/default/files/actualites/NOTE_COMPLETE_FranceBenevolat-IFOP-2022_DEF1705.pdf
  3. Observatoire régional de la Vie associative Hauts de France, Enquête sur l’engagement des retraités, CARSAT Hauts de France/ URIOPSS Hauts de France, février 2021, https://www.orva.fr/wp-content/uploads/2021/06/rapportfinalv1-5du1406.pdf

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